Le pouce d'un autre

Le pouce d'un autre

« Il n'est jamais évident de bien se débrouiller, avec une fille. Je n'aime pas trop me retrouver le lendemain après avoir placé mes billes la veille, par exemple. C'est comme venir chez quelqu'un avec des préservatifs : ça fait mauvais genre après, bien plus qu'avant. Montrer qu'on a du matériel de sécurité sur soi, sur le coup, ça rassure l'autre, mais après l'épreuve, montrer qu'on en avait revient à prouver qu'on avait sa petite idée derrière la tête, avant. En clair, à se mettre tout nu, après. Le mieux serait d'en manquer cruellement au moment où l'on en aurait bien besoin. Ça, ce serait la grande classe. Courir dans la nuit, à deux, derrière un distributeur de capotes, quoi de plus romantique ? S'apercevoir qu'on est sorti pieds nus et qu'on n'a pas assez de monnaie, quoi de plus magique ? Quoi de plus romantique et de plus magique que de devoir faire de la monnaie à deux heures du matin dans une rue déserte, pieds nus et grelottant ? Si la pluie s'en mêle, on touche au sublime. »