Caliban naufragé : les relations Nord-Sud à la fin du XXe siècle

Revue de presse Voici un livre à contre-courant, à l'heure où les marchés émergents du Tiers Monde suscitent l'émerveillement. L'ex-président de Paribas, Pierre Moussa, rappelle le cercle vicieux du sous-développement: démographie galopante, insuffisance d'épargne, sous-emploi. Cette faiblesse financière est d'autant plus dramatique que le seuil de modernité économique, fixé implicitement par les nations riches, n'a cessé de s'élever. Surtout, l'auteur estime que l'exemple des dragons asiatiques n'est pas généralisable. L'avantage comparatif des bas salaires, pour des économies jouant l'ouverture maximale sur l'économie mondiale, ne tarderait pas, dit-il, à se heurter à des réactions défensives des pays du Nord. Il renvoie donc dos à dos le national-industrialisme - la voie algérienne - et le tout marché. Et plaide pour un développement largement autocentré, fondé d'abord sur l'amélioration de la productivité agricole, sur l'effort d'éducation généralisé et sur la protection des industries naissantes. Aux pays du Nord, il conseille une réorientation de leur aide au Sud, notamment à travers une politique d'immigration bien comprise, qui apporterait aux pays riches un appréciable renouveau. Un livre qui prend à rebrousse-poil les préjugés de droite et de gauche: c'est bon signe. --Gérard Moatti-- -- L'Expansion