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Le tour de la France par deux enfants : cours moyen

G. Bruno

Urbuz.com Nos grands-parents planchaient encore sur ce manuel destiné à l'édification de notre belle jeunesse. Ce qui est d'ailleurs assez regrettable, car s'il véhicule une idéologie, disons, intéressante, jusque dans les années 20, elle s'est rapidement périmée par la suite. Ancré dans le bel optimisme du XIXème siècle, son message ne pouvait plus guère prendre de sens au-delà.

Roman d'éducation à la française, ce Tour de France est le récit d'un voyage que deux orphelins lorrains accomplissent pour retrouver leur seul parent vivant : un oncle exilé à Marseille. André et Julien Volden ont respectivement 14 et 17 ans. Ils ont franchi clandestinement la frontière allemande qui sépare, depuis 1871, la "pauvre" Alsace-Lorraine de la France. Fidèles à la mémoire de leur père (mort en expirant le dernier appel : "France !"), ils n'ont qu'un but : vivre dans cette France qu'ils ne connaissent pas, mais pour laquelle ils nourrissent une passion... d'orphelins ! Le message est limpide. Curieusement d'ailleurs, ils s'éprouvent comme séparés de la mère Patrie (Heimat), dans laquelle ils n'ont jamais mis les pieds, mais pour laquelle ils n'hésitent pas à quitter leur "pays". C'est cette dialectique Patrie/pays que l'ouvrage met ainsi en œuvre, au terme de laquelle le premier terme devrait pouvoir transcender le second, en s'appropriant nombre de ses prédicats. Traversant donc les différents pays de France, dont ils relèvent soigneusement les complémentarités et non les différences, nos deux enfants ne cessent d'y inscrire le travail par lequel devait s'accomplir l'unité nationale : la mise en ordre téléologique de son espace.

La France est une géographie avant d'être une histoire ! Les grands géographes français du XIXème siècle avaient déjà opéré ce renversement, du reste préparé par le concept d'année zéro de la révolution. Mais il s'accomplit dans ce manuel avec une rare énergie. C'est dans cette sémantique du géographe que peuvent prendre pied les métaphores de la nation organique. "Le plus beau des jardins, c'est celui où il y a les plus belles espèces de fleurs. Eh bien, petit, la France est ce jardin". Or, dans ce jardin, l'histoire ne s'ouvre qu'au hasard de la promenade, comme autant de fenêtres sur l'imaginaire de la vie des grands hommes, au fond toujours la même malgré ses apparences de diversité : celle du service de la patrie. Il n'y a plus aucune profondeur historique, mais un rapport de contiguïté que l'histoire entretient avec l'espace qui l'exprime. Pour en rendre compte, il faudrait accomplir un détour par la langue anglaise, qui différencie nettement l'Histoire (history) des histoires (stories). La consistance de l'identité française est donc ailleurs. Et tout d'abord dans sa géographie humaine, dont la logique repose dans... l'état des forces de production ! Précisons que G. Bruno n'est pas marxiste...

Ce que nos enfants découvrent, ce ne sont pas des terroirs mais des circonscriptions et des bassins de production. Bruno ne cesse de dresser l'inventaire non pas des traditions, mais des innovations. De ce point de vue, l'épilogue, écrit en 1904, est un monument des valeurs scientistes et hygiénistes; l'inventaire n'oublie rien du train, de la photographie, de Pasteur, des rayons X, du télescope, du microscope, du sous-main, du cinématographe, du métropolitain... Bref, de tout ce qui, en soi, ne possède plus aucun caractère français. Le génie français de l'universel s'universalise au point de se dissoudre totalement dans cette modernité, qu'il a eu tant de mal, au demeurant, à rallier... Etrange tour de France qui s'accomplit en tour du monde symbolique au Jardin des Plantes, où se trouvent rassemblés la flore et la faune du monde entier. Le paysage français ? Il est industrieux et entièrement assujetti à cette vocation moderne. Donc habile : il disparaît avec le "produit" qui l'avait façonné. C'est l'exemple des mûriers du Dauphiné, un paysage d'arbres exfoliés - les feuilles servant à nourrir les vers à soie -, dont il ne reste plus trace aujourd'hui.

L'amour de la France se conjugue avec celui de l'hygiène, du travail, de la fierté d'appartenir à la race banche( !), "la plus parfaite des races humaines". Il s'avance dès lors au devant de bien des déconvenues, bien des malentendus, bien des paradoxes, tiraillé entre les valeurs de la modernité et celles des "pays", enracinées dans les contraintes des solidarités de proximité. Si bien que le Tour de France s'achève de nouveau sur l'obstacle du terroir. La téléologie moderniste tombe alors en panne. Triomphe la spéléologie, si l'on peut dire, de la France profonde.--Joël Jégouzo-- --Ce texte fait référence à une édition épuisée ou non disponible de ce titre.

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Urbuz.com Nos grands-parents planchaient encore sur ce manuel destiné à l'édification de notre belle jeunesse. Ce qui est d'ailleurs assez regrettable, car s'il véhicule une idéologie, disons, intéressante, jusque dans les années 20, elle s'est rapidement périmée par la suite. Ancré dans le bel optimisme du XIXème siècle, son message ne pouvait plus guère prendre de sens au-delà.

Roman d'éducation à la française, ce Tour de France est le récit d'un voyage que deux orphelins lorrains accomplissent pour retrouver leur seul parent vivant : un oncle exilé à Marseille. André et Julien Volden ont respectivement 14 et 17 ans. Ils ont franchi clandestinement la frontière allemande qui sépare, depuis 1871, la "pauvre" Alsace-Lorraine de la France. Fidèles à la mémoire de leur père (mort en expirant le dernier appel : "France !"), ils n'ont qu'un but : vivre dans cette France qu'ils ne connaissent pas, mais pour laquelle ils nourrissent une passion... d'orphelins ! Le message est limpide. Curieusement d'ailleurs, ils s'éprouvent comme séparés de la mère Patrie (Heimat), dans laquelle ils n'ont jamais mis les pieds, mais pour laquelle ils n'hésitent pas à quitter leur "pays". C'est cette dialectique Patrie/pays que l'ouvrage met ainsi en œuvre, au terme de laquelle le premier terme devrait pouvoir transcender le second, en s'appropriant nombre de ses prédicats. Traversant donc les différents pays de France, dont ils relèvent soigneusement les complémentarités et non les différences, nos deux enfants ne cessent d'y inscrire le travail par lequel devait s'accomplir l'unité nationale : la mise en ordre téléologique de son espace.

La France est une géographie avant d'être une histoire ! Les grands géographes français du XIXème siècle avaient déjà opéré ce renversement, du reste préparé par le concept d'année zéro de la révolution. Mais il s'accomplit dans ce manuel avec une rare énergie. C'est dans cette sémantique du géographe que peuvent prendre pied les métaphores de la nation organique. "Le plus beau des jardins, c'est celui où il y a les plus belles espèces de fleurs. Eh bien, petit, la France est ce jardin". Or, dans ce jardin, l'histoire ne s'ouvre qu'au hasard de la promenade, comme autant de fenêtres sur l'imaginaire de la vie des grands hommes, au fond toujours la même malgré ses apparences de diversité : celle du service de la patrie. Il n'y a plus aucune profondeur historique, mais un rapport de contiguïté que l'histoire entretient avec l'espace qui l'exprime. Pour en rendre compte, il faudrait accomplir un détour par la langue anglaise, qui différencie nettement l'Histoire (history) des histoires (stories). La consistance de l'identité française est donc ailleurs. Et tout d'abord dans sa géographie humaine, dont la logique repose dans... l'état des forces de production ! Précisons que G. Bruno n'est pas marxiste...

Ce que nos enfants découvrent, ce ne sont pas des terroirs mais des circonscriptions et des bassins de production. Bruno ne cesse de dresser l'inventaire non pas des traditions, mais des innovations. De ce point de vue, l'épilogue, écrit en 1904, est un monument des valeurs scientistes et hygiénistes; l'inventaire n'oublie rien du train, de la photographie, de Pasteur, des rayons X, du télescope, du microscope, du sous-main, du cinématographe, du métropolitain... Bref, de tout ce qui, en soi, ne possède plus aucun caractère français. Le génie français de l'universel s'universalise au point de se dissoudre totalement dans cette modernité, qu'il a eu tant de mal, au demeurant, à rallier... Etrange tour de France qui s'accomplit en tour du monde symbolique au Jardin des Plantes, où se trouvent rassemblés la flore et la faune du monde entier. Le paysage français ? Il est industrieux et entièrement assujetti à cette vocation moderne. Donc habile : il disparaît avec le "produit" qui l'avait façonné. C'est l'exemple des mûriers du Dauphiné, un paysage d'arbres exfoliés - les feuilles servant à nourrir les vers à soie -, dont il ne reste plus trace aujourd'hui.

L'amour de la France se conjugue avec celui de l'hygiène, du travail, de la fierté d'appartenir à la race banche( !), "la plus parfaite des races humaines". Il s'avance dès lors au devant de bien des déconvenues, bien des malentendus, bien des paradoxes, tiraillé entre les valeurs de la modernité et celles des "pays", enracinées dans les contraintes des solidarités de proximité. Si bien que le Tour de France s'achève de nouveau sur l'obstacle du terroir. La téléologie moderniste tombe alors en panne. Triomphe la spéléologie, si l'on peut dire, de la France profonde.--Joël Jégouzo-- --Ce texte fait référence à une édition épuisée ou non disponible de ce titre.

Auteur(s)
Éditeur
Belin
Format
Relié
Date de parution
1976-01-01
Nombre de pages
336
Dimensions
14.0 x 22.0 x 2.0 cm
Poids
510
EAN
9782701102528

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