A la rencontre de saint Christophe

La légende de saint Christophe est très ancienne, puisqu'elle vient du Moyen-Orient au XII^e siècle. On en a surtout retenu la version occidentale, rapportée par Jacques de Voragine dans La Légende dorée, selon laquelle un géant nommé Christophe, exerçant près d'un gué le métier de passeur, porta sur ses épaules un enfant qui, parvenu sur l'autre rive, lui révéla être le Christ avant de disparaître dans la nuit. Comment donc relier cette scène devenue mythique à la légende orientale racontant l'histoire d'un barbare à tête de chien nommé Reprobus, qui devint chrétien sous le nom de Christophe et subit le martyre vers 250 apr. J.-C. sans avoir jamais « porté » le Christ autrement que dans son coeur ? À la fois porteur, passeur et fervent chrétien, Christophe tient son charisme de sa piété sans faille et de son dévouement illimité envers son prochain, alors même que l'Église romaine ne voit plus en lui qu'un saint « auxiliateur » dont la fête (25 juillet) donne lieu à des manifestations populaires (processions, bénédictions).

Saint Christophe, saint patron des voyageurs et des soldats, le plus populaire des saints chrétiens. Un protecteur des plus puissants également puisqu'il suffisait d'apercevoir son image pour être préservé de la maladie ou de la mort. Sa vie et son martyre sont moins historiques que légendaires et les traces de son passage sur Terre bien minces au regard de la dévotion dont il est toujours l'objet.

De Reprobus au Christophore - porteur du Christ -, des premiers siècles de l'ère chrétienne à l'histoire venue du Moyen-Orient au XII^e siècle, à la version occidentale rapportée par Jacques de Voragine dans La Légende dorée, l'ambition de cet ouvrage est de reconstituer l'ensemble de la légende, de donner la parole à ceux des poètes et écrivains qui ont trouvé en elle matière à penser ainsi que d'en montrer le rayonnement à travers une iconographie d'une exceptionnelle richesse.

Enluminures et fresques médiévales, statues gigantesques, gravures sur bois et sur cuivre, tableaux et dessins des plus grands maîtres, témoignent de son rayonnement dans l'imaginaire occidental. Et c'est sans compter les objets de piété les plus divers - reliquaires, médailles, porte-clés et bannières - que la dévotion populaire a fait se multiplier, à l'image des pouvoirs protecteurs prêtés au Christophore.