Sank ou la patience des morts

Sank : Oui, maman, nous nous devons de l'ouvrir béatement et de crier à tout le monde que ce n'est point un prétendu ciel qui nous arrache aux sourires de nos enfants, à la fierté de nos pères, aux espoirs de nos familles, aux seins de nos mères. Mais plutôt un ordre pensé, voulu et maintenu par des fous cupides. Maman, il est temps que tu comprennes que nous sommes de la race de ceux qui doivent mourir pour vivre...

La mère : Thomas j'ai toujours demandé à Dieu que ce soient mes enfants qui jettent la terre sur mes vieux os, pas le contraire. Je voudrais que mes enfants soient debout à mes funérailles et qu'ils fassent à manger pour les milliers de gens qui seront là. Je prie dieu pour que mes enfants fassent danser le monde le jour où je retournerai dans le sein de la terre. Pour rien au monde, je ne veux avoir à verser une larme sur te corps de mon enfant. L'enfer pour une mère, c'est ça, Isidore. Devoir verser une larme sur le corps exsangue de son enfant. Alors retiens ceci de ta part de ta mère : le grain de maïs n'aura jamais raison dans un poulailler. Jamais.

Le Capitaine Thomas Sankara incarne et dirige la révolution du 4 août 1983 qui l'amène à la présidence du pays dont il change le nom : la Haute-Volta, nom issu de la colonisation, devient le Burkina Faso, pays des hommes intègres. Il s'attaque rapidement aux puissances étrangères qui continuent à exploiter les richesses de son pays, et plus largement de l'Afrique.

Il est assassiné le 15 octobre 1987 lors d'un coup d'État organisé par celui qu'il considérait comme son frère, Biaise Compaoré.

Le meurtre vient d'avoir lieu quand la pièce commence. Mais Thomas Sankara se relève et témoigne de son parcours, de ses dernières heures, de ses derniers combats et de son rêve révolutionnaire auquel il a sacrifié sa vie de famille.

Il accepte le sort qui lui est réservé avec l'espoir de sauver la Révolution...