J'ai vu

«J'ai vu une plage étendue comme la mort et les doigts des victimes comme les jouets des enfants aux pieds nus. Mon frère, en Libye mon père, dans une tombe et ma mère mendiant sur les trottoirs d'Oman. A cette époque les rues s'encombrèrent de fatigue, de sueurs, de mensonges et de mosquées, et les soupirs de ma patrie s'éteignirent comme une aurore traînée par les années dans l'écho des ricanements des pirates.

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Eloigne de moi les instants stupides des jours de vantardise, le festin des noces qui m'endort avec ses joies futiles et mes jours violés dans les salons du complot. Dis-moi Bagdad, comment se peut-il que les honnêtes gens sous le soleil des assassins, acceptent qu'on guide un peuple d'une si lointaine origine avec des fanfares vers l'abattoir ? ...»

Salah Al Hamdani

La langue de Salah Al Hamdani connaît des mots leur secret de pierre et comme ils gardent la mémoire d'enfance étonnée. Qui a vu le sang couché sur la fête ? Qui a entendu le bruit du retour du banni dans les cris des femmes gardiennes du sens ? Qui a reconnu l'écho du vol dans la mutilation des ailes ? Il y a des appels comme des barques fouillant le large de nos faims d'hommes... Il y a entre les chaînes, le corps vertical de la liberté... Il y a la saison insoumise d'être amant... Quand le témoin témoigne dans les gestes de l'âme, la terre se dénoue de ses frontières et célèbre les noces du rebelle avec le soleil.

Geneviève Clancy