Les séeberger : l'aventure de trois frères photographes au début du siècle

Les trois frères Séeberger, Jules, Louis et Henri, sont nés dans les années 1870. Après l'installation de la famille à Paris en 1890, ils terminent leurs études et apprennent le dessin. Jules photographie Montmartre en 1898. L'obtention d'un premier prix à un concours le décide à devenir photographe. En 1904, Jules et Louis commencent à opérer pour des éditeurs de cartes postales, parmi lesquels Léopold Verger qui leur demande de photographier les grandes villes de France. En 1906, Henri se joint à ses frères qui viennent d'ouvrir un atelier rue Fénelon. Ils effectuent des clichés de Paris, Lyon, Genève, la Côte d'Azur, tout en s'intéressant au procédé des encres grasses avec lequel ils réalisent de délicats et doux portraits de femmes. Ces portraits inscrits dans l'esthétique pictorialiste correspondent, avec leurs autochromes, à l'aspect le plus artistique de leur œuvre consacrée essentiellement à la photographie de reportage (la fête des fleurs, les inondations de Paris en 1910), d'illustration (paysages urbains, ruraux et marins, scènes de genre, métiers, loisirs) et de mode. En plus de leurs travaux destinés à l'édition de cartes postales, ils travaillent pour des journaux et magazines comme Le Jardin des modes, L'Album du Figaro, Femina, Vu, Harper's Bazaar, La Mode pratique. Ils photographient des célébrités et des lieux renommés représentatifs du goût parisien, par exemple de grands restaurants et des salles de spectacle dont s'inspirent des décorateurs d'Hollywood pour créer des décors de films. Jean et Albert, fils de Louis, entrent dans l'atelier Séeberger à la fin des années 1920. Les trois frères de la première génération se retirent successivement. A partir des années 1940, Jean et Albert feront à leur tour du portrait, de la photographie de mode, de théâtre, de publicité, jusqu'à ce que l'atelier ferme en 1977. La photographie de Jules, Louis et Henri Séeberger constitue l'exemple type d'un travail collectif effectué par des opérateurs complémentaires qui signent d'un seul et même nom. Leur fonds photographique est une formidable source de documents sur la France du début du siècle.