Réflexions chrétiennes sur les phénomènes paranormaux

[...] Nous sommes à l'heure où la science, à la fois triomphante dans l'ordre de la technique (tout le domaine de l'informatique), ivre d'espérance dans ses résultats (tout le domaine de la bioéthique), trébuche, étonnée, devant des phénomènes encore plus mystérieux pour elle qu'ils ne l'étaient précédemment.

C'est l'heure où l'Église elle-même se fait extrêmement prudente dès qu'il s'agit de se situer face au «merveilleux», aussi bien le merveilleux diabolique que le merveilleux divin. D'une part, elle renâcle à mettre en oeuvre ses pouvoirs d'exorcisme (ils sont réduits à presque rien dans son rituel actuel du baptême et elle multiplie les conseils de prudence dès qu'elle autorise à lutter «officiellement» contre le démon); d'autre part, elle hésite à parler de miracles lorsque la nouvelle ne lui en est portée que par la piété populaire. Elle est exigeante à l'extrême, même face aux académies médicales.

Il est vrai qu'on n'a jamais su exactement jusqu'où arrivaient les forces naturelles, vrai encore que l'au-delà, par définition, est au-delà et pourtant cet au-delà émerge constamment dans la vie des hommes, qu'il s'agisse de tentations ou de sainteté, de poussées spectaculaires vers le mal ou d'actes héroïques de vertu, qu'il s'agisse surtout des attaques du démon, lequel continue certainement à exercer sur le monde cette «principauté» dont le Christ a parlé.

Mais tout reste enveloppé de ténèbres en son domaine. Il agit rarement à découvert, préférant les masques, d'où la difficulté de le déceler avec certitude, surtout dans les phénomènes où le psychisme joue un si grand rôle, pensons à la puissance de l'imagination telle qu'elle se manifeste dans les rêves, en y ajoutant les maladies mentales qui donnent du travail et un champ d'improvisation quasi sans limite aux «psys»!

Il faudrait plutôt porter les négateurs théoriques ou pratiques du monde surnaturel, à faire crédit, à ce qui pourrait bien être, dans les phénomènes paranormaux (c'est-à-dire à côté de la «normale») soit une voix bienfaisante venant de l'au-delà pour leur salut, soit au contraire une tromperie de leur ennemi fondamental. Mais pour les chrétiens fidèles, c'est plutôt vers l'esprit critique que nous devons les orienter, leur piété les engageant spontanément dans le sens de la crédulité.

Le livre de François Lugan vient donc bien à son heure, comme une lanterne dans l'obscurité: l'engouement pour des collections du genre Harry Potter suffirait à le prouver.

Francis Volle