Oro

5 janv. 2025 - Avis rédigé par Alexis W.

Tintin muscu dans la Jungle.

Oro de Cizia Zykë est l'auteur des mascus de droite qui trouvent que lire des livres c'est pour les bonnes femmes et les gringalets zintellos fragiles, alors ils se fixent sur cet auteur ainsi que les histoire de San Antonio. Mais comment leur en vouloir ? Cizia Zykë est le dernier aventurier terrestre, dans un monde où la laideur envahira et standardisera chaque ville pour y installer l'existence larvée du consommateur, ce dernier propose d'aller dans la jungle et le désert pour tout perdre, mais vivre; vivre vraiment. Oro est son "l'étranger" ou son "Voyage au bout de la nuit", il faut commencer par lui et on peut aussi s'arrêter là pour dire d'avoir lu cet auteur. Une aura fascinante entoure Cizia Zykë et Oro, qui a été une révélation pour pas mal de mecs qui se cherchaient. Ici Cizia Zykë a la trentaine, il a déjà baroudé un peu, a été usurier pour des mafieux au Canada, s'est trouvé une femme et a perdu sa fille très tôt, cet ex-apprenti légionnaire décide de fuir en Amérique latine pour se faire oublier dans la jungle et s'initier à la folie de l'or. Il en arrivera à un point où il aura une véritable concession avec trente "esclaves" (comme il le dit en interview) à sa solde. Pas de loi, pas de droit, pas de dieu, pas de démocratie dans la jungle, cela tombe bien, Cizia Zykë est un peu facho sur les bords et cet environnement inhospitalier, bien qu'usant la santé physique, lui sied complètement. L'écriture de Cizia Zykë, c'est du roman de gare ni plus ni moins, c'est efficace et sans digression, pour rendre le récit vraissemblable, il écrit (avec l'aide de son assistant) de manière à persuader le lecteur que c'est comme cela que tout s'est passé et pas autrement, mais si l'écriture manque de personnalité et de qualité, cela n'en est pas moins correct et surtout grisant à lire (jusqu'à un certain point, je l'aborde plus bas). Mais si les fans et la presse se sont beaucoup emparé de cette personne-personnage aventurier qu'est Cizia Zykë, avec toute la fascination et la mythification imblocable du fait qu'il soit un vrai aventurier (pas comme l'autre nulos qui a écrit SAS là), il y a quand même une zone d'ombre jamais abordée et pourtant récurrente si on lit plusieurs de ses livres : Cizia Zykë est un pédophile notoire, obsédé par les adolescente de 13 à 16 ans encore vierge ou en début d'exploration de leur sexualité. Là encore, comme pour d'autres auteurs, Bernard Pivot n'a pas relevé, le Newsfeed Brut qui avait consacré un épisode à l'auteur non plus et les fans qui en font leur dieu sur Youtube non plus. Moi, je vous le dis avant toute décision d'achat : Sachez que Cizia Zykë, si on lui pardonne toutes ses manigances de bandit et de brute épaisse (sinon pas d'aventure possible), franchit pour moi une ligne rouge du fait qu'il fut un pédophile en série. Dommage car Oro est amusant à lire et puis vers la fin, on dégringole complètement, parce que ce qu'il fait, ce n'est plus de l'ordre de son "gambling existentiel" (raffler la mise et tout remettre sur la table, tout perdre et repartir de zéro), il n'est plus l'anti-héros qui nous surplombait, il en devient tristement et banalement dégueulasse et pas moins médiocre qu'un autre. En cela c'est un gâchis. En plus de cela, il est le dernier aventurier, mais de fait, celui aussi dont l'écriture est la moins bonne, si on compare à ses prédécesseurs. Malgré cela, si on accepte que la littérature n'a pas à être morale (ce que je crois), Oro reste un objet à découvrir, mais c'est pour moi une erreur d'en faire un objet de fascination indépassable ou une sorte de "bible"; ne serait-ce que par l'auteur ne voyait pas la bible comme un livre, mais un distributeur de longues feuilles pour ses joints. Brûlez vos idoles, lisez Oro ou pas, mais ne le fétichisez pas.