L'université en questions : marché des savoirs, nouvelle agora, tour d'ivoire ?

Lieu clef de la vie démocratique, l'université est de plus en plus sollicitée par la société. Sans qu'elle puisse renoncer à ses missions d'enseignement et de recherche, on lui demande d'être compétitive, d'inculquer l'esprit citoyen, de former la grande masse à une profession tout en constituant des élites. Il lui faut également s'adapter aux nouvelles technologies et être moteur de la construction européenne ; autant d'impératifs qui témoignent de ses mutations profondes. Les textes rassemblés ici sont destinés à clarifier sous différents angles ces transformations, qui ne font pas toujours l'objet d'un débat rigoureux.

Si l'université n'adoptait pas, à son propre propos, l'attitude scientifique qui constitue sa vocation même, elle risquerait de se trouver affaiblie et instrumentalisée, dépendant dès lors de processus qui se dérouleraient sans elle. Ce livre se veut donc à la fois polémique et prospectif : son objectif est de poser à l'université, non plus dans l'urgence mais de façon critique, les questions qui la touchent au plus intime de ses missions, et de nourrir à travers une réflexion transdisciplinaire le débat sur son identité. L'université est-elle - doit-elle être - de son temps ? Peut-elle proposer un marché des savoirs, fonctionnant selon le principe de l'offre et de la demande ? Ou bien lui faut-il au contraire s'organiser sous la forme d'une «agora» moderne ? Ses tentations de repli dans une tour d'ivoire à l'abri des pressions extérieures sont-elles raisonnables ? Ce livre fournit à ses vingt-deux auteurs l'occasion de prendre position dans un monde où, entre l'Etat et l'économie, la société civile tend de plus en plus à se faire entendre. L'université, dans ce cadre, peut jouer un rôle crucial dont les contributions au présent volume tentent de cerner les contours.

Transdisciplinaire, cet ouvrage collectif réunit des auteurs issus d'horizons très différents (professeurs chevronnés, jeunes chercheurs, gestionnaires, anciens recteurs) : Mateo Alaluf (Sociologie, ULB) - Julie Allard (Philosophie, ULB) - Adrien Barrot (Philosophie, Paris) - Pierre Daled (Philosophie, ULB) - Michel Freitag (Sociologie, Université du Québec, Montréal) - Nicola Giovannini (Sciences politiques, ULB) - Guy Haarscher (Philosophie, ULB) - Thomas L. Haskell (Histoire, Rice University, Texas) - Claude Javeau (Sociologie, ULB) - Justine Lacroix (Sciences politiques, ULB) - Paul Löwenthal (Economie, UCL) - Jacques Moriau (Sociologie, ULB) - Alan Montefiore (Philosophie, Balliol College, Oxford) - Lewis Purser (Conférence des Recteurs européens, Genève) - Maria Puig de la Bellacasa (Philosophie, ULB) - Joan W. Scott (Histoire, Institute of Advanced Studies, Princeton) - Isabelle Stengers (Philosophie, ULB) - Georges Thill (Physique, FUNDP) - Claude Truffin (Département Recherche, ULB) - Jean-Louis Vanherweghem (Médecine, ULB) - Georges Verhaegen (Physique, ULB) - Chantal Zoller (Département des Relations internationales, ULB ; Conseil interuniversitaire de la Communauté française de Belgique). Cet éventail transdisciplinaire d'expertises et expériences contribue à produire une vision étendue mais jamais superficielle de l'institution universitaire aujourd'hui.