Il faut désobéir à bové

OGM, trois lettres qui font peur et qui déclenchent toutes sortes de fantasmes : des scientifiques en train d'élaborer des préparations diaboliques, futurs poisons de la Terre ; des multinationales qui prospèrent sur le dos de la santé humaine, l'Amérique qui transforme la planète en énorme fast-food, etc. Mais que sait-on réellement des dangers relatifs à cette nouvelle biotechnique ?

L'enjeu de cette enquête n'est pas de trancher ni de délivrer une opinion définitive sur les OGM - aucune certitude n'est encore possible - mais de revenir sur le débat qu'ils ont provoqué, ou plutôt sur l'absence de débat. Car si les OGM ont depuis plusieurs années suscité haine, hostilité et diabolisation, personne n'est allé recueillir la parole des spécialistes, ou alors seulement pour la biaiser, la détourner.

Au premier rang de ce détournement, une figure s'est imposée, celle de José Bové. Devenu le héros charismatique des arrachages de plants transgéniques, ce leader de la Confédération paysanne a appelé à la désobéissance civique en fédérant autour de lui de puissants lobbies d'opinion.

Si Sophie Lepault propose aujourd'hui de désobéir à Bové, c'est avant tout pour revenir sur un débat bloqué, sur tout ce qui a été mis en oeuvre pour qu'il n'ait pas lieu, entendre les scientifiques plutôt que les idéologuès et s'interroger calmement sur une biotechnique qui risque bien d'être décisive pour l'avenir du monde.