Maternelles sous contrôle : les dangers d'une évaluation précoce

Citée en exemple dans les années soixante-dix comme étant à la pointe de la pédagogie active, l'école maternelle française serait-elle en train de perdre tous ses acquis ?

En effet, la loi d'orientation du 10 juillet 1989 a organisé la scolarité primaire en cycles ; la maternelle a été absorbée par l'école élémentaire, perdant ainsi sa spécificité : dorénavant, obligation est faite aux maîtres d'établir un livret scolaire par élève et d'y consigner les résultats d'évaluations périodiques.

Quelques années après la mise en application de cette réforme, un bilan s'impose. Ce qui fut pensé et réfléchi au nom de l'intérêt de l'enfant ne révèle-t-il pas une profonde méconnaissance des mécanismes d'acquisition chez l'enfant de 2 à 6 ans ? L'usage généralisé du livret d'évaluation, depuis 1992, peut avoir des conséquences désastreuses sur son devenir scolaire : c'est ce que démontrent, de façon claire et documentée, les auteurs de ce livre.

Elles dénoncent avec vigueur les effets pervers d'une telle pratique : retour à des modalités de contrôle des aptitudes incompatibles avec une pédagogie de l'éveil, renforcement des inégalités liées au milieu social d'origine, normalisation de l'activité pédagogique allant de pair avec une «standardisation» de l'enfant.

L'enjeu est grave, quand on sait l'effet dévastateur que peut avoir pour un jeune enfant la confrontation à l'échec. Le meilleur moyen d'éviter ce dernier est de renoncer à soumettre le jeune enfant au «bachotage» précoce dans une société où les critères d'adaptation deviennent de plus en plus arbitraires et complexes.

Un ouvrage indispensable à tous les instituteurs soucieux de réfléchir sur la pratique de leur métier, et, bien sûr, aux parents qui entendent assumer leurs responsabilités face à l'école.