Samsara ou le voyage intérieur

Extrait Message de Josée-Christine, la correctrice de ce livre : «Allez jusqu'au bout de cet ouvrage, même s'il vous agace, même s'il vous choque, et vous en serez sans doute bouleversé, comme je l'ai été.» J'ai 52 ans et demi et l'impression d'en avoir 20... La côte de boeuf grésille sur la braise et les tomates s'abandonnent. Michel paraît heureux. Ce petit Chasse-Spleen, mon bordeaux préféré, participe à la magie de l'instant. Avec les chiens, nous ferons le tour du lac de Champex. Trente-trois étés d'une amitié intacte et le sentiment d'avoir vécu chacun plusieurs vies. Mon natel rompt le silence de l'endroit. C'est Sophie, des Éditions Favre... Si je veux corriger un livre Mais bien sûr, volontiers. Lire est un plaisir jouissif depuis l'enfance. «Samsara»... Quel beau titre... Les roues de la vie dans le bouddhisme. Tiens, c'est marrant ce pseudo : Gérard de Combat. Je m'attaque au pavé sans tarder. Heurtée par le style, la concordance des temps, les répétitions, les lourdeurs, j'avance péniblement. Un vrai pensum. Et cette histoire, quelle horreur ! Les bras m'en tombent et les... épreuves avec. Prête à renoncer à ce mandat, j'appelle l'auteur qui m'explique sa démarche avec passion (l'un des plus beaux mots de la langue française) et détermination. Je propose de reprendre ma lecture de zéro, et de faire abstraction de tout ce que j'ai appris. Nous aborderons cette... chose non pas au 1er degré, mais au 2e, au 3e ou au 4e s'il le faut... Puisque le passé, le présent, le futur n'existent pas, nous ferons fi des concordances de temps. Les verbes seront à l'imparfait. Imparfait... Nous passerons aussi sur la construction des phrases, souvent longues, sur la ponctuation aléatoire. Et nous tenterons d'unifier les «nous-même» avec ou sans S. Soi-même, nous-mêmes Passé le premier parcours de vie de Zohar (dont le prénom renvoie à la Splendeur de la kabbale), des portes s'entrouvrent. Je ne suis plus tout à fait correctrice, mais un être humain parmi des milliards d'autres. Du reste, je n'aurais jamais dû être correctrice ni journaliste. Plusieurs fois, ma destinée a pris des virages à 180°, à l'insu de mon plein gré. Du moins le pensais-je. Dans la marge de gauche, je relève les clés de lecture, des références à des concepts, des religions, des philosophies, des dogmes, des auteurs... Le langage se délie, le style s'allège et Zohar poursuit sa quête. On le suit volontiers. De la maïeutique de Socrate au bouddhisme, de la franc-maçonnerie à la «ginétèque», c'est un feu d'artifice ! Dans la marge de droite, je traque instinctivement la coquille, la répétition ou le contresens... J'avance dans mon travail et progresse sur le chemin de vie. De vies Méfiante, cartésienne, j'abaisse légèrement le pont-levis, laissant les émotions monter à l'assaut de ma citadelle. Ainsi le veut l'auteur. Je m'immerge, je dis et je pense «je»... De nombreux passages résonnent (raisonnent), et méritent une lente relecture. Les «guides», les «outils»... Je revois les miens. Je n'ai pas 52 ans et demi, mais 4 ans, 8 ans (la petite fille insouciante sera blessée à jamais. Je la hais !), 13 ans, 22 ans (nous convolons en justes ( ) noces), 27 ans (presque veuve, un bébé et il FAUT s'adapter), 35 ans (le Mur tombe, moi j'hésite au milieu d'un carrefour. Mon instinct me dit que je me trompe de direction), 50 ans (Maman nous quitte. Je retombe en enfance. Ma petite main cherche la sienne. Elle est glacée et n'étreint plus la mienne). Mon foie (énergétique ) crache sa douleur, encore. J'ai 80 ans et plie sous le poids des peines. Je pense à mon enfant... Moi, son guide, je n'ai pas toujours su, pas pu ou pas voulu lui parler. Je dois vite lui répéter que je l'aime... Je pense à Papa. Douze années d'incompréhension et de quasi-mutisme... Le moment est venu de lui adresser quelques mots. Nous avons parfois la chance de croiser des «passeurs». Gérard de Combat (c'est son vrai nom) est de ceux-là, et son ouvrage une source vive sur le sentier de la Connaissance et de l'Amour. Longues vies à «Samsara»