Champs morphéens : récit onirique

« Et surtout, retenez bien ceci : votre perception extérieure est une hallucination vraie »

Ce roman onirique pourrait avoir été conçu dans un « revoir », mot créé par Edgar Poe pour désigner un « lieu privilégié où l'on rêve », car il s'agit bien d'un acte de transposition de rêves divers. « Transposer le rêve » par l'écrit, c'est reconstituer les parties manquantes d'un puzzle qui semblait le constituer à l'origine. C'est lui attribuer une cohérence toute relative.

Tout est parti d'un premier rêve déterminant : le rêve de « l'Invitation nocturne », suivi d'un second tout aussi déterminant : le rêve du « Théâtre en dégénérescence », le premier formant la base du récit, englobant le tout, le second lié au théâtre et à la pratique de l'acteur, soit le métier que j'exerce depuis longtemps.

Dans sa répercussion onirique, ce second rêve renvoie au jeu de l'acteur et à sa relation intime avec le rôle, ainsi qu'aux diverses étapes conduisant à la représentation de la figure interprétée : l'incarnation, la transfiguration, la transsubstantiation. Il renvoie aussi, et je le sais par expérience, au désarroi le plus total que peut éprouver un acteur, du fait que tout acteur, quand il se rêve, se voit révélé, de façon récurrente, comme faisant irruption sur scène, dénudé, sans avoir appris son texte ou ne sachant même pas quel est le rôle qu'il lui faut interpréter.

A. G.