Les turqueries de la rochelle : roman historique

« Les détonations simultanées de plusieurs automatiques browning trouaient d'une violence incongrue la belle fin d'après-midi ensoleillée de la paisible place d'Armes. La fanfare qui s'apprêtait à donner sa sérénade depuis le kiosque à musique fut réduite au silence. [...]

Plus bas, dans la rue Pernelle, déambulait un couple à l'ombre de la cathédrale Saint-Louis. L'homme était en noir, coiffé d'un feutre à la mode américaine, moustachu, dans sa maturité. La femme, plus jeune, très mince, était en blanc écru. Tous deux étaient en conversation animée quand les détonations les arrêtèrent net, et la femme, d'une voix mélodieuse et profonde, de dire : « Oh ! Mais ton Far West nous débusque au plus profond des Charentes ! »

- J'y vais ! fit l'homme.

- Certainement pas ! Tu as déjà assez payé de ta personne aujourd'hui. »

Juin 1905 :

Sous les dorures du Café de la Paix, à La Rochelle, trois hommes font feu sur Rifaat Pacha, proche conseiller du sultan ottoman, attablé en compagnie de l'orientaliste Arminius Vambéry et de l'écrivain Pierre Loti. Contre toute attente, le vieux dignitaire riposte, abattant deux de ses agresseurs. Un casse-tête diplomatique en perspective qui n'est que le début d'une série d'incidents, fusillades, tentatives de rapt, qui frapperont officiers de la garnison, diplomates, journalistes dans cette ville de 30 000 âmes d'ordinaire si calme.