Le partage de l'empirique et du transcendantal : essai sur la normativité de la raison : kant, hegel

Le relativisme culturel impose toujours davantage le paradoxe qui consiste à ériger le refus de toute norme en norme implicite de la pensée et de la vie. Comment sortir de ce dilemme qui paralyse la pensée de notre temps, sinon en reprenant la question des fondements de la raison et en tentant d'articuler à nouveaux frais la question de ses titres et de sa nature ? D'où la raison tient-elle son pouvoir, qui s'impose même à quiconque entreprend de la critiquer et de la réduire ? Question que formulait Kant quand il demandait : « Qu'en est-il du droit ? ».

L'auteur analyse la question transcendantale des titres de la raison en portant à leurs limites les positions respectives de Kant, de Hegel et de Husserl. Au terme de cette analyse, la question transcendantale apparaît transfigurée par la mise en dialogue de la philosophie transcendantale et des sciences qui élucident ses conditions empiriques de possibilité : psychologie, histoire, droit et anthropologie. Entre la raison et ses conditions empiriques de possibilité règne un double enveloppement : tout discours portant sur la contingence historique de la raison et de ses normes reste cependant lui-même soumis aux normes de la raison. La solution de ce paradoxe consiste à concevoir la loi anthropologique de la transmission intergénérationnelle à la fois comme la condition empirique du transcendantal et comme sa norme transcendantale. La raison tout entière voit ainsi son statut redéfini dans un sens radicalement opposé à la « finitude » qui, selon Heidegger, définit l'homme comme un « être pour la mort » ; elle trouve au contraire son point d'ancrage dans l'ouverture de ce que Kant appelle la « finalité interne » de l'homme en tant qu'il naît inachevé.