La confusion des genres en photographie

Comment classer la photographie ? On peut penser, avec Barthes, que la photographie est inclassable, qu'elle échappe aux genres. Rhétorique (paysages, portraits, nus, architecture...), esthétique (réalisme, pictorialisme, documentaire...), technique (tirages argentiques, polaroïds, sténopés...), aucune classification n'est parfaitement satisfaisante, car la photographie, image au statut sémiotique instable, se moque des pratiques, des discours et des rangements. La photographie serait-elle un art de la confusion ?

Pourtant, l'impossible classification de la photographie s'accompagne d'un constant travail de classement, des albums de famille aux collections des musées. Force est de constater que le genre reste un outil paradoxal, contesté mais sans cesse employé. Comment expliquer la résistance du genre en photographie à une époque qui favorise mélanges et décloisonnements ?

Dans cet ouvrage, issu du colloque qui s'est tenu à la Bibliothèque nationale de France les 23 et 24 mars 1999, philosophes, historiens, artistes, conservateurs, critiques offrent une analyse polyphonique de la confusion des genres en photographie. Philosophie des arts visuels, pragmatique des discours en images, art poétique du métissage contemporain... ? Leurs propos s'inscrivent au croisement de multiples problématiques pour lesquelles le genre est tour à tour étiquette de classement, catégorie de jugement, critère d'évaluation, norme épistémologique ou juridique... L'actuelle confusion des genres en photographie est-elle un avatar de l'histoire conflictuelle des arts plastiques et de la poétique, ou bien l'effet de l'ambiguïté perceptive de la photographie, entre image et vision ?

La réflexion critique ou historique se fait ici au contact des œuvres : propos théoriques mais aussi parcours au cœur des collections et de la création contemporaine.