Les 16 alsaciens qui ont dit oui à pétain : résistants ou collabos ?

Ces « Seize », ce sont les 11 députés et les 5 sénateurs du Bas-Rhin et du Haut-Rhin (sur 21), qui avaient réussi à rallier l'Assemblée nationale convoquée début juillet 1940 à Vichy et qui le 10 y avaient unanimement approuvé l'abrogation de la IIIe République, donc permis l'instauration du pouvoir personnel du maréchal Pétain, en principe jusqu'à l'adoption d'une nouvelle constitution que le vainqueur de Verdun s'était alors engagé d'élaborer.

Les 6 parlementaires mosellans, alors présents à Vichy (sur 12), observèrent la même unanimité. Celle-ci tranche avec l'attitude très partagée de leurs collègues des autres départements. Pour différentes raisons, elle constitue l'un des faits les mieux dissimulés de l'histoire régionale.

Dans les présentations officielles, les 569 parlementaires ouiistes du 10 juillet 1940 passent habituellement pour des traîtres à la Démocratie, la République et la Nation, des collaborationnistes en devenir... Seuls les « 80 », qui avaient « osé dire non », sont portés au pinacle et sanctifiés, obtenant même d'être traités à égalité de considération avec l'auteur de l'appel du 18 juin !

Qu'en a-t-il des seize Alsaciens ? Comme cela a été fait pour les « 80 », ce livre les passe en revue par ordre alphabétique. Leurs engagements politiques entre les deux guerres préfigurent-ils leur vote ? Comment, dans l'effroyable débâcle, avaient-ils réussi à rallier Vichy ? Et après, sont-ils restés en zone libre ou retournés en Alsace ré-annexée ? Comment ont-ils vécu la Libération ? Déclarés inéligibles, ont-ils fini en parias ?

Cette galerie de portraits inclut un 17e ouiiste, le député Robert Schuman, le plus alsacien des parlementaires mosellans. Comment ne pas l'évoquer, en effet. Jusqu'au 11 juillet 1940, il a été sous-secrétaire d'Etat aux réfugiés et aux Alsaciens- Mosellans évacués dans le sud-ouest. Ses péripéties de ministre dans la débâcle, la ré-annexion et à la Libération sont tout aussi révélatrices.

On trouvera donc dans ce livre des vues très nouvelles sur la vie politique régionale d'avant-guerre, sous l'occupation/annexion et l'immédiate après-guerre. Il est préfacé par Jean-Laurent Vonau, juriste, professeur émérite de la faculté de Droit de Strasbourg et historien de l'épuration en Alsace, du procès de Bordeaux et du gauleiter Robert Wagner.