Anorexiques et boulimiques : bilan d'une approche thérapeutique familiale

S'articulant sur une étude catamnestique de 143 patientes traitées en thérapie familiale entre 1971 et 1987, confrontée à l'analyse de 52 cas traités plus récemment, Anorexiques et boulimiques présente le bilan des recherches et travaux menés depuis quelque 50 ans par Mara Selvini Palazzoli et l'équipe qui l'a rejointe depuis lors.

Les résultats affichés parlent en faveur d'une approche thérapeutique relationnelle, capable d'intégrer à la traditionnelle approche systémique une dimension plus individuelle de la patiente et de ses parents, appréhendés non seulement comme les éléments d'un système familial donné, mais également comme des individus en soi. Embrassant trois générations, l'approche préconisée par les auteurs vise à intégrer à la traditionnelle équation systémique de la boîte noire le vécu et l'éventuelle souffrance des parents dans leurs propres familles d'origine, qui expliquent pourquoi certains parents éprouvent de si grandes difficultés à "nourrir" l'empathie que manifestent à leur égard tant leurs enfants que le thérapeute chargé de les suivre.

Soucieux d'approfondir cette approche plus individuelle, les auteurs brossent un tableau des différentes structures de personnalité sous-tendant le symptôme anorexique, dont la caractéristique commune est le rattachement, pour celui ou celle qui en souffre, à un "défaut ressenti en soi-même". Il serait, par conséquent, faux de postuler qu'il existe un seul type d'anorexique - chacun nécessitant, suivant sa structure de personnalité, une approche thérapeutique différente - comme il serait erroné de chercher à définir la famille de l'anorexique. Ce qui apparaît au fil des pages, est, au contraire, un ensemble pluriel de familles caractérisées par certains traits récurrents : le sexisme souvent latent de pères narcissiques, coupés de leurs émotions et, partant, incapables de les interpréter correctement chez les autres, et la tendance concomitante des mères à constamment se sacrifier et à ravaler les humiliations ; des mères, qui, contraintes de jouer des rôles souvent contradictoires, finissent par s'oublier pour répondre aux attentes de la société et des leurs.