Atelier du roman (l'), n° 47. passeront-ils les frontières ?

Une éducation vraiment démocratique est une éducation qui forme des hommes capables de défendre et de maintenir la démocratie en politique; mais, dans son ordre à elle, qui est celui de la culture, elle est implacablement aristocratique et élitiste.

Simon Leys.

Pourquoi Jacques Ferron, toujours le mieux placé, vingt ans après sa mort, pour tenir lieu de grande figure littéraire nationale [...] reste-t-il, en dehors des centres d'études spécialisées, à peu près totalement inconnu à l'étranger?

Louis Hamelin.

Ferron m'a appris que, dans ce pays incertain d'adoption, «le point de départ, qui devient, après le départ, le point de retour, est demeuré longtemps longtemps le seul point fixe au monde». Ce pays qui n'était pas un pays pourrait me servir de point d'appui fixe pour soulever le monde, tel Atlas de ce côté de l'Atlantique.

Lambros Kampéridis.

Je crois que le lecteur d'aujourd'hui qui s'aventure dans l'univers ferronien à la fois grave et fantaisiste parfois jusqu'au burlesque ne manquera pas d'éprouver, à défaut du sentiment de cette «beauté sereine» dont il avait la nostalgie, celui d'un contagieux bonheur d'écriture.

André Major.

Le couple le plus saisissant du Complot contre l'Amérique de Philip Roth, celui de tante Evelyn, syndicaliste relativiste, et du rabbin Bengelsdorf, érudit traditionaliste, marie les deux grandes perversités du siècle, celles d'une gauche et d'une droite déréglées, attirées l'une vers l'autre par l'astre rayonnant et glacial du pouvoir nazi.

Carl Bergeron.

Si l'oeuvre de Handke m'apparaît au fil des ans de plus en plus nécessaire, c'est qu'elle procède de cette intuition qu'il n'y a ni avant ni après, qu'il n'y a que l'instant dans lequel le temps se nourrit de temps, aussi bien du passé que de l'avenir.

Yvon Rivard.

Les pragmatiques Anglo-Saxons voient le fantastique comme une zone obscure de l'âme humaine qu'il faut vaincre par la rationalité. Cette tâche est désormais dévolue à la technologie et à ses moyens électroniques capables de maîtriser toute psyché.

Gianni Celati.

La fin de La Conscience de Zeno de Svevo est tout de même un formidable éclat de rire. Tout est prévu en filigrane : Hitler, la bombe atomique, la désintégration de l'univers. Dans cette fin brusquement prophétique, j'entends un rire tragique, mais un rire tout de même, car il s'agit, même devant les catastrophes, de tenir à distance l'esprit de sérieux.

Marie-Louise Audiberti.