Masques, théâtre et modalités de la représentation

Masques, Théâtre et modalités de la représentation Laboratoire Théâtre, Langages et Sociétés Direction Anne Bouvier Cavoret

En plaçant ce quatrième volume à l'enseigne du masque, notre groupe de recherche - enrichi de collaborateurs nouveaux, qui nous entraînent vers des domaines inexplorés - a pris le risque d'aborder deux questions majeures de la philosophie occidentale : celle de la personne (puisque le masque apparaît souvent comme un écran qui dissimule le moi authentique, plus rarement comme l'instrument paradoxal de sa révélation) et celle de la représentation quand, devenu signifiant, il manifeste sur scène la présence de l'Autre - personnage de la fiction ou divinité rituellement convoquée.
Mué en instrument comparatif, pour confronter des univers culturels proches ou lointains, le masque montre la complexité et la diversité des combinaisons entre le réel et l'imaginaire, l'objectif et le subjectif, l'historique et le fictif ou le mythique ; il éclate lui-même en diverses facettes, fonctionnant différemment en contexte religieux et dans les spectacles profanes, en Occident et en Orient - Même si jamais son emploi n'est neutre et sans conséquence.
C'est qu'au-delà des objets concrets qu'il désigne, le masque est devenu concept, figure au sens rhétorique du terme, opérateur où se condensent toutes les interrogations et toutes les inquiétudes qui sourdent des dédoublements et des allusions à un autre monde impliqués par toute mise en scène, fût-ce la plus réaliste. Par effet de métonymie, il appelle donc l'étude des modalités de représentation en général, dont il constitue un frappant symbole. C'est dire qu'entre les articles consacrés au masque stricto sensu (auquel fut réservée une journée d'études) et ceux qui démontent minutieusement les avatars de la représentation, il n'y a pas solution de continuité : tous arpentent la même zone frontalière entre la présence et l'absence.
A.BC