Pour un geste de femme

Schmuel Finckenstein est un jeune aristocrate russe. La révolution éclate en 1917. Témoin du meurtre horrible de sa famille, il est obligé de fuir. Commence alors un long voyage qui le mène en premier lieu à Moscou, chez des soeurs en charge d'un hôpital. Dévoué auprès de ces femmes rassurantes, il noue de nouvelles amitiés, puis est contraint de poursuivre son périple pour échapper aux conflits meurtriers. Sa rencontre avec la belle Rivkha le poussera à rejoindre Paris, en traversant la Pologne et l'Allemagne, dans l'espoir de reconstruire sa vie. Mais hélas, un nouveau mouvement antisémite semble se développer en Europe et vouloir troubler le bonheur fragile de cet être déraciné...

Schmuel pourra-t-il un jour cesser de fuir le bruit de bottes des soldats ?

Lorsqu'elle se dégagea, son chapeau avait légèrement basculé laissant apparaître quelques mèches rebelles de cheveux noirs. C'est alors qu'elle fit le geste, ce geste qui remuait tant de souvenirs en la mémoire de Schmuel. Ce geste que sa mère faisait lorsque, assise à sa coiffeuse, elle remettait de l'ordre dans sa chevelure. Ces longs cheveux noirs qu'ensuite elle brossait sur toute leur longueur afin de les démêler et de les faire briller. Schmuel ne la quittait pas des yeux. Elle était si jolie, pensait-il. Combien de fois lui avait-il dit qu'elle était la plus jolie des mamans ? Il ne s'en souvenait plus, peut-être des milliers.