Implications philosophiques de la science contemporaine : rapport du groupe de travail de l'académie

Dès son apparition - dans les années 1920 - la mécanique quantique souleva un énorme problème d'interprétation, dont la fameuse boutade d'Einstein «Le bon Dieu ne joue pas aux dés» est fort loin d'évoquer l'aspect le plus déconcertant. En fait, c'est toute la question de la nature de la réalité que cette théorie pose depuis lors : celle du sens que peut avoir le mot, et celle de notre relation avec l'entité qu'il désigne.

En la matière, des avancées très significatives eurent lieu durant le dernier demi-siècle. Des balises expérimentales furent posées, situant le problème philosophique dans un cadre conceptuel net et précis bien que radicalement inattendu. Et des développements théoriques vinrent grandement éclairer le lien entre le domaine du quantique et l'univers des phénomènes à notre échelle. Il n'en est pas moins vrai que plusieurs approches semblent encore défendables et que, dans le monde des physiciens intéressés par ces questions, des opinions diverses continuent à être exprimées.

Le présent fascicule fait clairement apparaître la nature, tant de ces «balises» (la non-localité...) que de ces développements théoriques (la décohérence...), mais il le fait à travers le compte rendu d'échanges et de débats entre physiciens et épistémologues représentatifs d'interprétations conceptuelles très différentes les unes des autres. Cette dernière particularité devrait avoir l'effet heureux d'aider à une certaine prise de repères au sein de l'actuel dédale des points de vue.

Ce groupe de travail de l'Académie des sciences morales et politiques est coordonné par Bernard d'Espagnat, professeur émérite des Universités, membre de l'Institut. Il jouit de la participation de spécialistes de diverses sciences (physique, astrophysique, informatique, neurologie, etc.) ainsi que de médecins et de philosophes des sciences.