Thérèse et les prisonniers de l'ombre

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Thérèse et les prisonniers de l'ombre

« Moi, j'ai quinze ans - comme Thérèse de Lisieux quand elle est entrée au couvent - et j'ai vraiment de quoi écrire un roman avec ma vie. J'ai déjà vécu plein de choses difficiles. Je suis seule, mon père est parti vivre en Amérique. Hier, j'arrive en Normandie pour être à l'abri de cette fichue guerre, et là, comble de malchance, je me retrouve en plein dedans ! Sous les bombes ! J'ai quinze ans et je n'ai pas envie de mourir ici, dans cette cave !
Cécile avait parlé entre ses dents pour ne pas être entendue des autres, mais son ton était plein d'une sourde colère rentrée, mêlée de chagrin. Sa grand-mère voulut la serrer contre elle, l'adolescente refusa. Elle prit rageusement le livre de cette petite Thérèse dont l'histoire gentillette l'avait tant agacée, l'ouvrit grand et lut : Je veux passer mon ciel à faire du bien sur la terre. Je ferai tomber une pluie de roses. Et doucement, tout doucement, un sourire s'installa en elle comme une caresse intérieure. Cécile sentit alors profondément qu'elle avait une grande soeur à ses côtés, et que celle-ci marchait avec elle, là, au coeur même de cette aventure. »