A propos de tachan

En 1965, un nouveau venu du genre dérangeant - parrainé par Jacques Brel - fait une entrée fracassante dans le monde de la chanson. Son premier album (Les mauvais coups) obtient d'emblée le Grand Prix de l'Académie du Disque Français... et se voit tout aussi rapidement interdit d'antenne pour cause de crudité de langage !

Le nouveau venu s'appelle Henri Tachan. Engagé au Ritz après avoir fait l'Ecole Hôtelière, il ne supporte pas longtemps d'y jouer les larbins. Plus tard, il en fera une chanson (La table habituelle). En attendant, cap sur le Québec où il se trouve une place de... plongeur ! La-bas, en se produisant quand il peut dans les quelques cabarets qui l'acceptent, il fait une rencontre essentielle : celle de Jacques Brel qui le convainc de rentrer en France pour se consacrer, à fond, à la chanson. Et c'est donc en 1965 que, pour reprendre l'expression de Brel, Le lion est lâché. Le ton est donné et, désormais, Tachan n'aura de cesse d'exprimer au gré de ses albums non seulement ses révoltes mais aussi leur évolution, reflet de la sienne propre, vers la maturité. Il a maintenant son public, celui qui attend avec impatience la sortie du nouveau disque, qui l'applaudit lors de ses passages sur les scènes parisiennes (Bobino, l'Olympia, Déjazet, etc.) ou d'ailleurs.

Voilà près de quarante ans que Tachan dérange, avec ses coups de gueule contre tout ce qui fait que la vie est moche, fustigeant La censure ou La chasse, les porteurs de petits drapeaux, la connerie, et la mort. La mort en général, celle des enfants en particulier.

Voilà près de quarante ans, aussi, que Tachan chante l'amour, la tendresse, l'amitié, l'humanité, la poésie et la musique : Mozart, Beethoven, Schubert et Rossini...

Et voilà comment, chanson après chanson, disque après disque, se bâtit une œuvre. Celle de Tachan constitue aujourd'hui un des fleurons de la chanson francophone.

Joseph Moalic

(...) La longue et minutieuse enquête de Claude Sabatier sur le personnage est bien finement menée. Il a su pénétrer les arcanes de ce complexe bonhomme en perpétuelle révolte avec lui-même et avec les autres et qui cependant ruisselle d'un elixir qui ressemble fort à l'amour. (...)

Pierre Perret